Tout en haut du grand plongeoir, le garçon s’avance avec solennité.
La planche s’incurve doucement sous son poids. Au bord des bassins, les flâneurs s’arrêtent de marcher et lèvent les yeux en silence. Une petite pointe d’anxiété flotte dans l’air, que le plongeur cultive en prenant son temps, pliant légèrement les genoux, arquant le dos, avançant encore, s’arrêtant juste à l’extrémité, laissant dépasser ses orteils soigneusement alignés, restant immobile, le regard baissé, levant les bras, serrant ses jambes l’une contre l’autre, tendant son buste, bandant ses muscles, se préparant si longuement que mon regard se détache de lui pour aller se poser sur le visage d’Annie, extatique, presque aussi tendue et concentrée que le plongeur.
Acrylique sur toile/ 65×50 cm
Michèle Astrud 